Le camarade Ibrahim Kaypakkaya est né en 1949 dans le village de Karakaya, rattaché à la sous-préfecture d’Alaca, elle-même dépendante de la préfecture de Corum (au nord d’Ankara). Issu d’une famille paysanne, il va à l’école primaire puis à l’école élémentaire d’enseignant de Hasanoglu en 1960. Il fera là-bas connaissance avec les idées révolutionnaires et progressistes.
Grâce à sa soif d’apprentissage et à son énergie il devient l’un des meilleurs élèves de son école et réussit avec succès l’entrée à l’IUFM de Capa et l’université de physique d’Istanbul en 1965.
A cette époque les idées révolutionnaires se répandaient chez les masses, en particulier dans le jeunesse.
Ibrahim Kaypakkaya faisait partie de ces personnes actives, et dès son entrée à l’école il devient membre de la FKF, la fédération des clubs d’idées. La FKF a en effet adopté les principes du socialisme, et mène des activités antifascistes et anti-impérialistes.
En 1967 il ouvrira un bureau de la FKF à l’IUFM de Capa. Tout en menant une lutte révolutionnaire il mènera une autre, celle contre les dirigeants révisionnistes des organisations.
Il s’éloigne peu à peu de l’école, et en 1969/70 ne mène pas la lutte que chez les étudiants, mais également chez les ouvriers et les paysans, faisant connaître le marxisme-léninisme partout où il y a grèves, occupations des terres par les paysans.
Ibrahim Kaypakkaya, tirant par la suite les leçons de la grande grève du 15/16 juin 1970, devient actif dans la revue du TIIKP (parti révolutionnaire ouvrier et paysan de Turquie).
Il s’aperçoit que la direction est un obstacle à la lutte révolutionnaire des masses et critique alors le réformisme droitier.
En 1972 il dénonce le révisionnisme du TIIKP et assume avec ses camarades la formation d’un parti. Suite à l’importante activité en ce sens il forme le Comité de coordination du TKP(ML) en avril 1972, qui aboutira par la suite à la formation du parti.
Ibrahim Kaypakkaya a ici joué un rôle historique, en reprenant l’héritage révolutionnaire du TKP et en assumant le marxisme-léninisme, pour ainsi contrer le révisionnisme et former l’unique organisation capable d’aboutir à la libération du prolétariat et de la paysannerie.
Le MIT (les services secrets turcs) a tout de suite considéré le TKP(ML) comme l’organisation possédant la théorie et la pratique les plus dangereuses pour l’ordre dominant.
Alors qu’ils menaient des actions dans la région de Dersim, Ibrahim Kaypakkaya et ses camarades furent traqués et obligés de se retrancher dans une baraque abandonnée pendant quelques jours.
Suite à une dénonciation ils furent attaqués par les gendarmes le 24 janvier 1973.
Le compagnon d’armes d’Ibrahim Kaypakkaya, Ali Haydar Yildiz, fut tué; lui aussi fut grièvement blessé et laissé pour mort par les gendarmes qui poursuivaient d’autres camarades. Ibrahim Kaypakkaya arriva à s’enfuir, se réfugia 5 jours et 5 nuits dans une grotte; la faim et le froid le poussèrent à demander de l’aide à des villageois le 29 janvier, mais l’un d’entre eux le dénonça. Il fut arrêté et amené au commissariat de Tunceli-Elazig, puis dans le centre de tortures de Diyarbakir.
On lui coupa une partie de ses membres gelés par le froid, et il résista pendant trois mois et demi aux tortures infligées sans rien révéler des structures du TKP(ML), selon le principe “ on donne sa vie mais pas ses secrets „. Dans la nuit du 17 au 18 mai 1973 il fut assassiné.